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Vaincre sa phobie : quand la peur vous paralyse

Peur ou phobie, quelle différence ?

La peur est une émotion que l’on ressent dans une circonstance particulière, face à un danger imminent. C’est une réaction normale, qui agit comme un signal d’alarme pour permettre de déclencher une réaction adaptée, comme la fuite par exemple.

La phobie quand à elle est plus insidieuse, le ressenti de cette angoisse peut survenir même en l’absence de l’objet de la phobie, simplement en y pensant ou en voyant une image. Elle a un caractère irrationnel et ne dépend pas d’un contexte de danger réel.

On peut rassurer quelqu’un qui a peur, alors qu’une personne qui souffre de phobie sera totalement hermétique à vos tentatives de la raisonner.

Si vous êtes dans la jungle et que vous voyez au loin un lion qui court vers vous en rugissant, la peur intense que vous ressentez d’un coup n’est clairement pas une phobie. C’est une réaction normale, adaptée à la situation qui va vous permettre, grâce à une décharge d’adrénaline, de prendre vos jambes à votre cou. La peur est donc une émotion qui peut s’avérer extrêmement utile.

Si en revanche vous avez une peur panique des chatons, que la simple évocation ou photo d’un chaton déclenche en vous une angoisse irrépressible, on est clairement dans le cadre de la phobie. Vous voyez bien ici qu’objectivement il n’y a aucun danger, et pourtant la peur ressentie peut-être aussi intense que face au lion. La phobie, contrairement à la peur, ne sert à rien, à part à faire souffrir.

Les symptômes de la phobie sont les mêmes que ceux de la peur, leur intensité n’est pas forcément plus forte, mais ils se déclenchent même hors contexte dangereux. Parmi ces symptômes on peut citer les plus classiques : les tremblements; une transpiration abondante, la respiration qui devient difficile et saccadée; une pâleur subite; une accélération cardiaque…

Aucune phobie n’est ridicule

Contrairement à la peur qui se porte sur des éléments dangereux, la phobie peut se porter sur tout et n’importe quoi. On peut citer par exemple : l’aérophobie (la peur du vent); l’alektorophobie (la peur des poulets); l’omphalophobie (la peur des nombrils), la calcéophobie (la peur des chaussures) ou encore l’agalmatorémaphobie (la peur que les statues prennent vie; et dans ce cas, je vous déconseille fortement de lire « la Vénus d’Ille », de Mérimée).

Si certaines peuvent prêter à sourire, aucune n’est ridicule. Parfois, on n’ose pas en parler de peur d’être moqué et pourtant la souffrance ressentie est bien réelle. Évidemment, certaines sont plus handicapantes que d’autres : une personne qui a la phobie des anacondas sera moins handicapée dans son quotidien qu’une personne qui souffre d’agoraphobie (peur des grands espaces, de la foule et de ne pouvoir s’échapper d’un endroit). Mais dans tous les cas, la phobie peut-être surmontée, avec l’accompagnement adéquat.

La prise en charge de la phobie

Les phobies peuvent toutes être prises en charge. Avant tout, il est important d’identifier l’origine de la phobie. La plupart du temps, elle provient d’un événement traumatique du passé, par exemple une peur panique des routes de campagne non éclairées qui survient après un accident de la circulation. Dans ce cas par exemple, plus la prise en charge intervient tôt, plus on a une chance de stopper l’évolution de la peur vers la phobie.
 
Parfois encore, on ne sait pas soi-même d’où vient cette phobie. C’est là que le rôle du thérapeute est déterminant, pour permettre d’identifier l’origine du problème.
 
La plupart des interventions repose sur le principe de la désensibilisation, en mettant en place une exposition progressive à l’objet de la phobie. J’ai bien dit progressive et j’insiste, ce doit être le stade ultime. Déposer une mygale dans la main d’une personne qui est phobique des araignées, pour lui montrer à quel point elle est mignonne et inoffensive, risque fort de se traduire par des hurlements et une rancune tenace à l’encontre du bienfaiteur des bêtes.
 
Il faut commencer par étapes, selon le mode « baby steps » (pas de bébé), c’est à dire par palliers très doux et progressifs.
On peut commencer par:
– parler de l’objet de la phobie,
– faire visualiser l’objet de la phobie,
– se confronter à des images (photos, vidéos,…)
– se confronter en situation réelle à l’objet de la phobie.
 
Par exemple, une personne phobique de l’avion pourra commencer par imaginer le voyage de ses rêves dans un pays qui nécessite un vol en avion, regarder des reportages sur ce pays, se rendre dans un aéroport, regarder les avions décoller, etc.
 
Ces étapes nécessitent toujours un accompagnement, surmonter une phobie par soi-même est quasi impossible, puisqu’une grande part repose sur l’écoute et la prise en compte des émotions et ressentis. De plus, la phobie induisant une peur intense, la présence rassurante d’une tierce personne est indispensable.

Et concrètement on fait quoi ?

– Avant tout, on apprend à gérer les crises de panique. Pour cela, la technique la plus simple, rapide et efficace est la pratique de la cohérence cardiaque. Le rythme cardiaque, les émotions et la respiration sont liées. Quand on a une crise de panique, on ressent un stress intense, le cœur s’accélère, la respiration devient saccadée. Des trois, c’est la respiration qui est la plus facilement contrôlable. En régulant la respiration, on calme le rythme cardiaque et donc le stress.

Retrouvez ici la méthode de la cohérence cardiaque. (Pour télécharger la fiche, clic droit et enregistrer sous)

Écrire sur sa phobie, ses ressentis, les situations dans lesquelles elle pourrait se manifester. Écrire est un excellent exercice pour mettre ses peurs à distance. Vous pourrez ensuite relire votre texte dans des moments où vous vous sentez parfaitement bien, détendu et en sécurité pour l’apprivoiser.

Détourner son attention de l’objet phobique. Pour cela on peut recourir à un objet, par exemple un bijou qui vous rassure ou évoque des souvenirs positifs, un peu comme un doudou. On peut aussi utiliser une odeur : l’odorat est un sens très puissant pour déclencher des émotions. Vous pouvez par exemple garder sur vous une fiole d’une huile essentielle que vous aimez particulièrement et que vous aurez au préalable pris le temps de sentir dans des moments de bien-être et de sécurité. Il suffira alors de la sentir à nouveau au moment le plus angoissant pour vous, le décollage de l’avion par exemple, pour réactiver le souvenir de ce moment de bien-être.

L’hypnose, et par la suite l’auto-hypnose pour continuer le travail en situation, sont très efficaces face à la phobie. Elle permettent de parler directement à l’inconscient, déclencheur de ces émotions irraisonnées.

Dans tous les cas, la phobie n’est pas une fatalité, ne restez pas avec votre souffrance. Alors, prêt à tordre le cou à cette phobie qui vous pourrit la vie ?

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