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Soyez égoïste, apprenez à (vous) pardonner !

Le pardon, c’est avant tout pour vous

Bien souvent, quand on refuse de pardonner à quelqu’un, c’est parce que l’on pense que l’autre ne mérite pas notre pardon… Après tout, ce quelqu’un a fait quelque chose d’horrible, peut-être même qu’il ne s’est pas excusé… Alors pourquoi devrais-je lui faire ce cadeau ?

Je vous propose ici de laisser tomber cet aspect des choses, à savoir les conséquences sur celui qui va être pardonné. On va uniquement se concentrer sur celui qui pardonne. Et quand on se place dans cette perspective, on se rend bien vite compte que refuser de pardonner, ce n’est pas punir l’autre, c’est se faire du mal à soi.

« Je ne lui pardonnerai jamais… », cela signifie en réalité : « je passerai le reste de ma vie à me sentir mal, sentir de la rancœur et même cette sensation de désespoir ou d’acide qui me ronge à chaque fois que je repenserai à ce qu’il a fait« . Dit comme cela, à votre avis, lequel est le plus puni des deux ? Vous méritez vraiment de vous infliger ça ?

Mais pardonner, ce n’est pas simplement oublier… Oublier quelque chose, vouloir l’enfouir et ne plus y penser est au contraire une mauvaise idée, parce qu’à un moment ou à un autre, cela va ressurgir, avec plus ou moins de force et de conséquences… Pardonner, c’est accepter que l’autre a commis une erreur (voulue ou non) pour mieux s’en libérer. Et vous méritez amplement de vous alléger de ce poids.

Pardonner l’autre, pour enfin avancer

Les émotions, les sentiments quels qu’ils soient vis à vis de quelqu’un sont ce qui entretient une relation, ce qui lui permet d’exister. Refuser de pardonner, c’est rester englué dans une relation avec une personne qui vous a fait souffrir. Ex qui vous a abandonné sans explication, patron qui vous a licencié injustement, ami qui vous a trahi… Toutes ces personnes feront partie de votre vie aussi longtemps que vous refuserez de pardonner. C’est finalement leur accorder beaucoup d’importance, non ?

Pardonner, c’est une façon de couper le lien qui vous retient dans un souvenir douloureux. Le pardon permet de couper le fil entre ce qui s’est passé et la souffrance que cela vous a causé, et vous cause encore à l’heure actuelle. En pardonnant, vous détachez les émotions et ressentis associés à cet événement dans le présent, pour qu’il puisse finalement prendre la place qui lui revient, un souvenir et rien de plus. Comme une vieille photo collée dans un album que l’on ne regarde plus.

Dans ce processus, le temps joue également un rôle. Il est souvent difficile de pardonner au premier abord, mais rien n’oblige à le faire. Si c’est trop tôt, il est toujours possible de retenter ce travail quelques semaines ou quelques mois plus tard. Rien ne presse. Mais il est important de garder cet objectif en tête, le but étant de finir par y parvenir pour se libérer et se sentir mieux.

Se pardonner, l’ultime épreuve

Pardonner l’autre, c’est difficile. Se pardonner, c’est plus dur encore. Quand on considère ce que l’autre a fait, on peut se dire qu’il a mal agit parce qu’il est manipulateur, stupide, maléfique… Quand on considère ce que l’on a fait soi-même, c’est bien plus difficile parce que l’on sait qui l’on est (au moins en partie). Les excuses ou les justifications sont bien plus difficiles à trouver.

Quand on n’arrive pas à se pardonner, c’est souvent parce que l’on confond culpabilité et responsabilité. On reste bloqué dans la première, quand c’est seulement la seconde qui permettra d’avancer…

– la culpabilité, c’est ce que vous ressentez quand vous avez rendu votre sentence: vous êtes coupable, vous méritez que l’on vous inflige une punition, mais puisque vous restez seul fixé sur vos pensées, la punition n’est ni juste, ni objective. Et puisque vous vivez avec votre juge et votre bourreau, elle ne prend jamais fin. Cela s’accompagnant de débats sans fin sur ce qui se serait passé si vous aviez été plus malin, si vous aviez réfléchi, si vous aviez été moins impulsif…

– la responsabilité, c’est admettre qu’un acte que vous avez commis a eu des conséquences sur quelqu’un ou quelque chose et qu’il va falloir réparer. Que cela ait été intentionnel ou accidentel, le mal est fait, il va falloir assumer. C’est une occasion de grandir suite à un événement qui pourrait au contraire vous enfoncer. Ici on oublie les auto-accusations et les attaques personnelles. On essaie de réparer et d’aller de l’avant.

Sachant que vous êtes la seule personne au monde avec laquelle vous allez passer chaque instant du reste de votre vie, il est grand temps de mettre fin à votre condamnation, non ?

Comment pardonner ?

Qu’il s’agisse de pardonner l’autre ou de vous pardonner vous-même, il y a quelques principes clé à mettre en œuvre.
 

– Laissez sortir la colère : physiquement si besoin (criez, tapez du pied,…) mais surtout par écrit : écrivez ce qui s’est passé, ce que vous ressentez, sans chercher à vous censurer. Gardez ces écrits pour vous : rappelez-vous que vous faites tout ceci pour vous, par pour éduquer l’autre ou le faire changer. En mettant par écrit ce qui vous fait souffrir, cela permet de s’en détacher.

– Ne cherchez pas du sens à ce qui s’est passé : parfois, vouloir comprendre ne mène à rien. Les raisons, l’absence de raison, les circonstances, les non-dits… Vous ne pourrez jamais les appréhender totalement et même si l’autre vous expliquait tout cela en détail, cela ne resterait que son point de vue et ne rendrait pas la situation plus acceptable pour vous. Ne vous épuisez pas pour rien, cela ne fait que vous accrocher toujours plus à cette situation.

– Prenez du recul : essayez de revoir la situation en la regardant de haut, comme si vous la survoliez. De plus en plus haut, jusqu’à ce que les émotions qu’elle déclenche s’amenuisent. Refaites cet exercice autant qu’il le faudra pour que vous vous sentiez plus apaisé quand il vous arrive d’y penser.

– Imaginez avoir réussi : visualisez-vous une fois que vous aurez réussi à pardonner. Imaginez-vous plus calme, plus serein, comme si vous aviez grandi et gagné en sagesse. Comment vous sentez-vous ? Plus léger, non ?

– Faites ce qu’il y a de mieux pour vous, sans penser à l’autre. Dans cette façon d’approcher le pardon, vous n’êtes pas obligé de confronter l’autre personne pour lui dire ce que vous ressentez, pour lui dire que vous lui pardonnez. Si vous voulez le faire, faites-le. Si vous ne le voulez pas, ne le faites pas. C’est vous que vous devez guérir, vous n’êtes pas responsable de l’autre.

« Les sots ne pardonnent pas et n’oublient pas. Les naïfs pardonnent et oublient. Les sages pardonnent et n’oublient pas. » – Thomas Szasz

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