Vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur, que vos réussites ne sont que le fruit du hasard ou de la chance ? Et surtout qu’inévitablement quelqu’un autour de vous va finir par vous démasquer ? Bienvenue dans le royaume du syndrome de l’imposteur.
Les lunettes déformantes de l’imposteur
Quelles que soient vos réussites, vous avez l’impression que vous ne les méritez pas. Vous avez réussi un examen ? C’est un coup de chance, vous êtes tombé sur le sujet le plus facile… Vous avez eu ce poste tant convoité ? C’est que personne d’autre n’a du postuler…
Quoi que vous fassiez, vous vous considérez comme moins compétent que… n’importe qui d’autre en fait. Alors forcément, il y a cette peur qui s’installe. La peur d’être découvert, ce moment que vous croyez inévitable où tous autour de vous vont réaliser que vous n’êtes pas aussi bon qu’ils le pensent.
C’est ce que l’on appelle communément « le syndrome de l’imposteur ». Personnellement, je n’aime pas trop ce terme qui est un peu trop connoté pathologie, alors que tout le monde l’éprouve à un moment ou un autre de sa vie, dans des proportions plus ou moins importantes. C’est pourquoi je parlerai plutôt ici de sensation d’imposture.
Cela dit, il ne faut pas banaliser cette sensation quand elle devient incontrôlable. En effet, à long terme, cela devient une incroyable source de stress, puisqu’il faut sans cesse être aux aguets et développer des techniques pour ne pas se faire démasquer.
Mais pourquoi ai-je l’impression d’être un imposteur ?
Il y a des éléments qui favorisent la survenue de ce sentiment d’imposture :
– Une trop faible estime de soi : Elle peut remonter à l’enfance, avec par exemple une éducation très critique et sans valorisation; ou se développer au cours de la vie suite à des événements marquants, tels qu’un burn-out par exemple.
– Le milieu : Qu’il s’agisse d’un environnement très concurrentiel où il faut jouer des coudes ou d’un monde dans lequel on est entouré d’esprits brillants et créatifs, il est facile de tomber dans le biais de comparer ses propres faiblesses aux forces des autres. A noter que même en l’absence de toute pression d’un milieu particulier, il est possible de le ressentir tout de même.
– Une période de stress : Dans les périodes de stress quelles qu’en soient l’origine, cette sensation de ne pas être à la hauteur peut facilement émerger et se répandre. Un divorce par exemple, vécu comme un échec qui se diffusera aussi sur la sphère professionnelle.
– Une sortie de la zone de confort : Cette sensation se développe souvent et se renforce dans les périodes de changement et d’évolution, surtout lorsque l’on pense que l’on va être exposé au jugement des autres. Une promotion (« je ne sais pas du tout ce que je dois faire, je me vois mal superviser quelqu’un »), un changement d’orientation professionnelle (« j’ai 40 ans, je n’y arriverai jamais aussi bien qu’un jeune qui sort juste des études »), un enfant qui entre à l’école (« l’éducation que je lui ai donné jusqu’ici était-elle suffisante ? Que va penser la maîtresse? »), etc.
Comment l’identifier
- La causalité externe : Vous banalisez vos réussites. Vous avez eu de la chance, on vous a fait une fleur,… Voire même, à chaque réussite, vous avez des sueurs froides en vous disant qu’encore une fois vous avez eu de la chance de passer entre les gouttes.
- Le sur-investissement : Vous passez des heures à tout contrôler, vérifier et revérifier pour éviter le risque d’être pris en défaut.
- Le sous-investissement : Vous vous mettez parfois dans les conditions idéales pour échouer (par exemple une nuit blanche de fête avant un entretien important) parce que réussir vous fait peur (cela impliquerait une sortie de la zone de confort et de nouvelles responsabilités), ou pour avoir une excuse toute trouvée en cas d’échec (stratégie d’auto-handicap).
- La peur d’être exposé : Vous avez peur que quelqu’un autour de vous finisse par se rendre compte que vous n’êtes pas à la hauteur et qu’il le dise à tout le monde… D’ailleurs, ce collègue qui vous regarde de travers, n’aurait-il pas un doute ?
- L’extrême difficulté à demander de l’aide : Même en cas de difficulté, vous préférez trouver une solution discrètement quelle que soit la quantité de stress en plus, plutôt que de demander de l’aide et dévoiler ainsi une part de votre incompétence.
- La validation : Vous avez besoin qu’on vous dise clairement que ce que vous avez fait est bien.
- Le rejet des félicitations : Compliments et félicitations sont presque impossibles à accepter. Ils ne sont pas justifiés, vous ne les méritez pas. Donc ils doivent avoir une raison cachée, non ?
- L’exagération de l’échec : La moindre petite erreur prend des proportions énormes et vous donne un fort sentiment d’échec.
- La recherche de légitimité : Vous cherchez à passer plus de formations, de diplômes, obtenir toutes sortes d’attestations ou de certificats pour (vous) prouver que vous êtes compétent.
Et concrètement on fait quoi ?
Il existe des solutions à mettre en place pour lutter contre cette sensation d’imposture:
- Changez de point de vue. Regardez ce que vous faites, vos accomplissements, vos réussites, comme si ce n’était pas les vôtres, mais celles d’une personne que vous connaissez. Finalement, c’est plutôt impressionnant, non ?
- Respectez autrui : Si quelqu’un vous fait un compliment, partir du principe qu’il se trompe ou qu’il cherche à obtenir quelque chose de vous parce qu’il ne peut pas être sincère, c’est finalement ne pas lui accorder beaucoup de crédit. Et si vous choisissiez plutôt de le voir comme une personne réfléchie, capable d’émettre un jugement raisonnable et justifié ?
- Arrêtez de vous comparer : Comme toujours, quand on se compare, on compare ce que l’on est, ce que l’on ressent, tout ce que l’on connaît de soi avec ses failles et ses défauts avec ce que l’on perçoit de l’autre, en fonction de l’image qu’il véhicule. C’est un peu déséquilibré, non ? Et jamais à votre avantage, soyez-en sûr… (pour aller plus loin, vous pouvez lire cet article)
- Faites une liste de vos accomplissements : Si besoin pour vous convaincre, faites une liste de tout ce que vous avez accompli à ce jour. Vous pouvez imaginer que l’on vous demande enfin de vous justifier et que vous devez vous défendre en apportant tous les arguments qui prouvent que vous êtes légitime dans votre rôle/emploi. Je suis prête à parier que vous finirez par trouver de nombreux arguments.
- Apprenez à observer : Même les personnes les plus sûres d’elles-mêmes ont des moments de doute. Et si ce collègue qui est si pro, si expert dans son domaine n’était pas si parfait ? En portant votre attention sur les autres plutôt que sur vos propres angoisses, vous vous rendrez vite compte que personne n’est parfait ni ne maîtrise totalement ce qu’il fait. Chacun fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a, selon les circonstances. Tout simplement.
- Prenez soin de vous : Encore une fois, prenez du temps pour vous, pour vous sentir mieux, pour devenir la meilleure version de vous-même. Si vous deviez changer ou améliorer quelque chose chez vous pour devenir votre meilleur ami, une personne avec qui vous aimeriez passer tout votre temps, ce serait quoi ? Être plus zen ? Plus drôle ? Plus sociable ? Plus cultivé ? Bravo, vous avez identifié le ou les points que vous aimeriez développer en vous. C’est un beau projet, non ?