Si vous n’en avez pas l’habitude, vous êtes peut-être en train de penser que se faire des compliments à soi-même, c’est très narcissique, voire même critiquable. Et pourtant, on passe une bonne partie de la journée à s’adresser des auto-critiques et à se dévaloriser. En quoi être négatif envers soi-même serait il plus acceptable ?
Pourquoi choisir la voie de l’auto-valorisation
Vous connaissez l’expression « on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même » ? D’accord, ce n’est pas toujours vrai (si vous avez mal aux dents, je vous invite fortement à aller consulter un dentiste plutôt que de saisir une paire de tenailles dans votre boite à outils...), mais en matière de bien-être, cette devise s’applique à tous les coups. Bien sûr, vous pouvez tâcher de faire les choses au mieux, d’être très efficace et de faire même plus que votre part en espérant que quelqu’un remarque vos efforts et vous en remercie, mais l’expérience a du vous montrer que l’attente est bien souvent déçue. Attendre une reconnaissance de l’extérieur, c’est comme acheter un ticket à l’Euromillion : un jour peut-être vous gagnerez, mais rien n’est moins sûr… Alors pourquoi attendre de voir si quelqu’un va remarquer tout ce que vous faites si bien, quand il y a déjà cette personne qui est si bien placée pour le savoir parfaitement : vous-même ?
Au quotidien, on passe plus de temps à remarquer ses propres échecs que ses propres réussites. La moindre petite erreur de parcours et les auto critiques, les auto accusations pleuvent. « Je suis vraiment trop nul », « je suis incapable de faire ça », « C’est toujours pareil avec moi, ça ne fonctionne jamais »… Alors que dans le même temps, les choses que vous réussissez passent quasi inaperçues, comme si elles étaient plus « normales » que les autres. Il est urgent d’inverser la tendance !
Quels sont les effets des (auto)compliments
Même si cela peut vous paraître étrange au début, il y a de réels intérêts à prendre le temps de vous valoriser vous-même.
– Le renforcement de l’estime de soi : les compliments contribuent à développer et renforcer l’estime de soi. Déterminants dès la petite enfance, ils aident à grandir et construire sa confiance en soi. Bien évidemment, tout le monde n’a malheureusement pas bénéficié de la même enfance à ce sujet. Mais quel que soit le passé, même si vous êtes maintenant adulte, il n’est pas trop tard pour vous apporter ce dont vous pouvez avoir besoin !
– L’amélioration de l’humeur : Soyons honnête, un compliment sincère fait toujours plaisir. Je suis certaine que vous pouvez repenser à une circonstance dans laquelle vous avez été valorisé par quelqu’un et surtout la sensation agréable qui en a suivi, peut-être même pour le reste de la journée. Vous savez ? Ce sourire qui s’installe et ne veut pas partir tout de suite… Alors au lieu de persister à remarquer tout ce qui ne va pas, pourquoi vous refuser ce petit moment de bien-être ?
– L’affirmation de soi : au lieu de rechercher l’approbation, d’espérer que votre moitié remarque toutes les merveilleuses choses que vous faites, n’est-ce pas réconfortant de penser que vous pouvez désormais le faire vous-même, en toute autonomie ? Plus besoin d’attendre impatiemment un mot qui ne viendra peut-être jamais. Au fil du temps, il est alors possible de sortir de cette relation de dépendance et de soumission que l’on s’impose bien souvent tout seul à force de vouloir plaire à l’autre et surpasser les attentes.
– L’amélioration des performances : Très concrètement, les compliments peuvent vous permettre de progresser. Une expérience scientifique japonaise de 20121 a démontré que les compliments permettaient d’améliorer significativement la performance dans une tâche donnée. L’impact est donc réel, ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. Alors comme le sportif qui s’entraîne pour progresser, travailler à vous complimenter améliorera vos performances au fil du temps !
Oui, mais je n’ai pas l’impression de mériter de compliments…
Un compliment ne doit pas forcément porter sur quelque chose d’extraordinaire en soi… un simple créneau à gauche en une seule manœuvre ou un retournement de crêpe qui ne finit pas en tas ou par terre, c’est amplement suffisant pour faire une micro pause et se gratifier d’un sourire approbateur pour sa propre dextérité.
Mais d’accord, je vais aller dans votre sens. Admettons que là, tout de suite, vous ne voyez pas la moindre chose pour laquelle vous pourriez vous complimenter. Dans ce cas, faisons un petit retour dans le passé. Depuis votre naissance, combien de choses avez vous réussi/accompli sans prendre le temps de faire cette micro pause pour vous faire ce compliment qui était à ce moment là indubitablement mérité ? Si vous prenez le temps d’y réfléchir, je suis certaine que vous trouverez des dizaines de ces petites ou grandes réussites pour lesquelles vous n’avez pas pris ce temps… et pour lesquelles vous avez donc une dette envers vous-même ! Cela fait des dizaines et des dizaines de compliments qui vous sont dus et que vous pouvez d’ores et déjà vous offrir pour remettre le compteur à zéro !
Et concrètement on fait quoi ?
Avant toute chose, soyons clair. Vous n’êtes pas obligé de vous complimenter à voix haute devant tout le monde pour que ce soit efficace. Rien ne vous en empêche, mais attendez-vous quand-même à quelques regards interloqués.
Il vous suffit juste de faire une pause, prendre une seconde, pour consciemment s’adresser ce compliment silencieusement, en pensée. Après tout, si vous êtes adepte (comme beaucoup d’entre-nous) de l’auto-critique, vous avez déjà l’habitude. La différence ici, c’est qu’au lieu de subir une pensée négative et automatique, vous allez élaborer consciemment une pensée positive. En quoi serait-ce plus étrange ?
Comme toute habitude à prendre, les débuts peuvent être difficiles. Alors voici quelques pistes de réflexion pour vous aider. (Et n’oubliez pas que ces compliments, vous pouvez aussi les adresser aux autres… Cela ne coûte rien et pourtant nous l’avons vu, leur importance peut être capitale). Alors prenez le temps de remarquer ce qu’il y a de bien en vous :
Les traits de personnalité : Quelle que soit votre personnalité, il y a forcément un élément que vous pouvez valoriser et mettre en avant. Que vous soyez particulièrement empathique, courageux, sociable, organisé, drôle, etc… il y a forcément cette petite chose en plus que les autres admirent chez vous.
L’intelligence, la créativité : vous savez vous repérer comme personne même quand vous visitez un endroit pour la première fois, ou encore vous pouvez réparer n’importe quelle serrure avec un stylo bille et un élastique ? Prenez-le temps de savourer ces compétences que tout le monde n’a pas !
Les réussites, accomplissements : Aucune réussite, aussi infime soit-elle, ne devrait passer sans être célébrée. Alors, que vous veniez d’obtenir votre diplôme, que vous ayez enfin réussi à réparer ce tiroir qui coinçait depuis des lustres ou à faire un démarrage dans une côte à plus de 10% sans reculer d’un millimètre, prenez le temps d’admirer votre exploit.
Les relations sociales : Là encore, il y a toute une gamme de possibilités. Que vous soyez très serviable, que vous ayez une parfaite connaissance de l’âme humaine ou encore que vous soyez un ami fidèle sur lequel on peut compter, prenez un moment pour apprécier cette qualité qui fait de vous la personne merveilleuse que vous êtes.
L’apparence : Il y a forcément quelque chose que vous appréciez chez vous. Que ce soit vos yeux, vos cheveux, votre capacité à trouver en un clin d’œil une tenue qui vous va… Prenez l’habitude de vous concentrer sur ces aspects et de les mettre en valeur. N’hésitez pas à prendre du temps pour prendre soin de vous, vous le méritez bien !
Prêt à prendre de bonnes habitudes ? Si vous êtes arrivé au bout de cet article, il est temps de vous auto-féliciter pour votre capacité de concentration ! C’est plutôt un bon début, non ?
- Social Rewards Enhance Offline Improvements in Motor Skill – Sho K. Sugawara, Satoshi Tanaka, Shuntaro Okazaki, Katsumi Watanabe, Norihiro Sadato – Publication le 7 novembre 2012 sur le site de la revue scientifique plos.org – https://doi.org/10.1371/journal.pone.0048174 [↩]