Vous avez l’impression que vos émotions débordent en permanence ? Vous vous sentez parfois mal à l’aise ou même comme agressé dans certains environnements (son constant, lumières vives,…) ? Et si vous étiez hypersensible ?
Sensible ou hypersensible ?
Il faut différencier la sensibilité et l’hypersensibilité. Bien sûr, chacun est différent et on peut être plus ou moins sensible. Mais on considère que 20% de la population serait hypersensible. Et pour ces personnes, les stimuli extérieurs (émotions des autres, sons, lumières, événements, etc…) sont générateurs d’émotions intenses et parfois difficiles à contrôler. On ressent fort, on réagit fort. Et on se retrouve à pleurer d’émotion devant une publicité pour du jambon, devant le regard sidéré de cet ami qui se demande ce qui vous arrive… Pardon, je m’égare, reprenons…
Avant toute chose, l’hypersensibilité n’est pas une maladie qu’il s’agirait de soigner. C’est une composante de la personnalité avec laquelle on naît. Mais elle peut parfois devenir compliquée à vivre quand elle s’associe avec son complice habituel : l’anxiété.
Le rôle de l’entourage est très important dans la petite enfance : selon la manière dont la sensibilité de l’enfant a été accueillie, la suite des événements peut-être bien différente… A-t-elle été valorisée, en encourageant sa créativité et sa curiosité par exemple ? ou bien moquée, à base de répliques affectueuses du genre « mais quel chouineur celui-là ! » ou encore « arrête de pleurer comme une fillette !«
Confronté à cette seconde attitude, l’enfant bien souvent n’aura pas d’autre choix que de faire semblant, de trouver des stratégies d’adaptation pour « rentrer dans le moule » et réprimer ce qu’il ressent, ce qui ne fera que faire grandir l’anxiété, tout en lui donnant l’impression qu’il n’est pas « normal », puisqu’on lui dit clairement que sa façon d’être et de réagir n’est pas la bonne… Par la suite, en grandissant, en fonction de ce qu’il sera amené à vivre au cours de sa vie, cette anxiété va pouvoir rester contenue ou grandir dans des proportions parfois difficiles à maîtriser. Tout peut alors devenir source d’anxiété, du train qui arrive en retard, à l’erreur de couleur d’encre du stylo utilisé pour remplir un formulaire…
Quelques idées reçues sur les hypersensibles
Un hypersensible est forcément timide et renfermé : Même si le besoin de se protéger et de se couper du monde parfois peut faire passer pour timide, cela n’est pas systématique. On considère qu’1/3 des hypersensibles sont extravertis. Certains artistes par exemple, excentriques et flamboyants, qui font tout pour se faire remarquer sont également de grands hypersensibles. C’est la façon de ressentir le monde qui caractérise l’hypersensible, pas sa façon de se conduire avec les autres.
L’hypersensibilité touche surtout les femmes : En réalité, elle touche autant les hommes que les femmes, dans une parité quasi parfaite. C’est la pression sociale qui dicte qu’un homme doit être fort et ne pas montrer ses émotions qui entraine cette impression. Une femme peut plus facilement se laisser aller à exprimer ses émotions et ses pleurs sans être jugée aussi négativement que ne le sera un homme.
Un hypersensible c’est simplement un faible : Un hypersensible ressent tout plus intensément, alors oui, il y a des émotions, des pleurs ou encore une tendance à éviter les conflits qui peuvent donner à tort cette impression de faiblesse. Mais c’est vite oublier cette capacité de résilience et d’adaptation (voir plus bas) qui le caractérise et qui font toute sa force. L’hypersensible fonctionne comme le roseau, il plie, mais ne rompt pas…
Ce qui caractérise un hypersensible
Bien évidemment, chacun étant unique, il ne s’agit pas ici de vous donner une liste exhaustive à cocher pour avoir un jugement sûr et définitif. Certains hypersensibles présentent seulement certains traits, d’autres les ont tous, d’autres encore présentent des comportements moins fréquents qui ne sont pas énumérés ici et pour lesquels il n’ont peut-être même pas fait le rapprochement avec l’hypersensibilité (la phobie des retards, par exemple, avec toute la surcharge mentale qu’elle entraîne…).
Ceci étant dit, on remarque chez la plupart des personnes hypersensibles :
- Le fait d’absorber les émotions des autres : c’est la fameuse « éponge ». Quand un hypersensible entre dans une pièce, il peut très rapidement ressentir l’ambiance, les relations entre les personnes. Placez un hypersensible heureux à côté d’une personne déprimée et il y a fort à parier qu’en quelques minutes seulement il deviendra bien plus triste et anxieux, sans même qu’il n’y ait eu un échange de paroles.
- La fatigue physique et mentale, souvent présente : quand on vit tout plus intensément, cela devient vite épuisant. C’est un peu comme si au lieu de la balade en forêt que vous avez fait ensemble, lui avait couru pendant ce temps un marathon.
- Un grand besoin de calme et de solitude : par moment, l’hypersensible ressent presque comme une urgence vitale le besoin de se mettre à l’écart, au calme, loin des stimulations du monde qui l’entoure.
- Une forte sensibilité aux bruits, aux odeurs, aux couleurs : certains le font se sentir physiquement mal, comme une véritable agression. Deux personnes qui se mettent à lui parler en même temps par exemple et qui le rendent soit immédiatement sourd – avec les oreilles qui bourdonnent – soit le poussent à hurler, pour les faire taire.
- Des réactions émotionnelles rapides et intenses : pleurs, colère, joie, … la réaction à un événement survient très vite, de manière impulsive et souvent dans des proportions très fortes. Il y a souvent des pleurs, même pour des choses anodines (la gerbille domestique du héros qui meurt dans le téléfilm ou le gain tant attendu de 5 euros au jeu à gratter). Cela se traduit aussi par une grande susceptibilité : un mot de travers ou mal interprété peut le blesser aussi profondément qu’une attaque en règle.
- Une difficulté à prendre une décision : confronté à un choix à faire, il peut rester parfois littéralement des heures à peser le pour et le contre, sans jamais vraiment avancer dans la réflexion… Et aussi parfois, une fois le choix fait, une tendance à regretter immédiatement de ne pas avoir choisi l’autre option…
- Une tendance assez nette à éviter les conflits : pris entre deux feux, plutôt que de trancher, il préfèrera esquiver ou arrondir les angles. Tout pour apaiser l’ambiance générale plutôt que de renforcer l’intensité des réactions autour de lui.
Comment mieux vivre son hypersensibilité
Avant toute chose, en prenant conscience que cette façon de ressentir le monde présente aussi de nombreux avantages :
- La tendance à vivre tout à fond : l’envie de vouloir tout comprendre, d’apprendre, de vivre les choses intensément. Pouvoir littéralement s’émerveiller d’un parterre de fleurs que d’autres ne voient même pas et en être heureux pour la journée…
- L’empathie : le fait de mieux percevoir les émotions d’autrui est un atout précieux qui permet de mieux comprendre l’autre, de l’aider aussi en respectant sa manière de fonctionner. Les hypersensibles font souvent de bons amis.
- Une meilleure capacité d’adaptation : paradoxalement, un hypersensible peut supporter bien plus de choses qu’on ne le croit… à force de vivre tout plus intensément, il s’enrichit de tellement de savoirs, d’informations dont il n’a même pas conscience, que le moment venu, il peut s’adapter bien plus facilement que d’autres n’ayant pas accès à toutes ces ressources.
- Un sens du perfectionnisme et du travail bien fait : C’est souvent un collaborateur apprécié pour son sens du détail, qui va passer tout le temps nécessaire à vérifier et revérifier pour que tout soit au point.
- L’imagination, la créativité : l’hypersensible a souvent une imagination débordante, une façon de voir et ressentir le monde qui n’appartient qu’à lui et qu’il peut partager dans de nombreux domaines : la création artistique, l’enseignement, la relation d’aide, l’humanitaire,…
La meilleure chose à faire pour mieux vivre l’hypersensibilité est de l’accepter, sans chercher à faire semblant ou à se forcer pour rentrer dans le rang et se faire accepter par les autres. Cela ne peut que rajouter du stress à l’anxiété et conduire à des comportements qui seront tout sauf naturels. On a toujours l’air bizarre quand on fait ce qu’on pense qu’il faut faire, mais sans le sentir vraiment….
- Ecoutez-vous. Vos intuitions sont souvent très justes. On vous demande de faire quelque chose mais vous ne le sentez pas ? Alors ne le faites pas… Vous vous sentez toujours mal et épuisé après avoir passé du temps avec cette personne ? Mettez de la distance…
- Faites-vous passer d’abord. Ne culpabilisez pas si vous n’avez pas l’envie ou l’énergie d’aider quelqu’un qui vous le demande. Apprenez à penser dans le bon ordre : c’est vous d’abord, les autres ensuite. Voyez votre bien-être comme une bonbonnière : ne donnez jamais rien tant qu’elle n’est pas pleine, sinon vous allez creuser un trou, créer un manque. Remplissez-là, faites-la déborder et ensuite il sera toujours temps de distribuer le surplus…
- Exprimez vos émotions. A votre entourage s’il est en capacité de l’entendre, à un journal intime dans le cas contraire… Et pourquoi ne pas se mettre au chant ou à la peinture ?
- Offrez-vous de petits moments de bien-être. Un bain chaud, un chocolat, une heure à bouquiner votre BD préférée… et n’attendez même pas d’estimer que vous l’avez mérité. Faites-le simplement pour le plaisir. Et puis d’ailleurs, vous les méritez déjà amplement ces petites récompenses, pour tout ce que vous avez accompli dans votre vie sans vous les accorder en retour…
- Autorisez-vous à être tel que vous êtes vraiment. Quelle que soit la personne qui vous a dit ou fait sentir qu’il fallait vous changer, soyez certain qu’elle ne comprend pas votre façon d’être. Cela part souvent d’une bonne intention, mais pensez-vous vraiment que vous serez plus heureux en faisant semblant toute votre vie d’être quelqu’un d’autre ?
