Ca n’a rien de personnel… Vous connaissez tous cette expression. Mais comment ne pas prendre comme une attaque personnelle une remarque ou une critique qui vous est adressée ?
Les autres et vous, ne les laissez pas gagner le match
Prendre ses responsabilités
Prenez conscience que vous n’êtes pas obligé de vous placer en position de victime, qui prend les attaques, subit et souffre, en silence ou pas. Vous n’êtes pas en position inférieure d’un point de vue humain, même face à votre chef. Vous n’avez pas à prendre ces paroles pour argent comptant et les laisser remettre en question la personne que vous êtes.
Si vous n’êtes pas responsable de vos émotions (même si un travail personnel peut aider à réduire le stress et les émotions excessives), vous êtes en revanche responsable de vos réactions. Votre façon d’agir, de réagir ou de répondre est uniquement entre vos mains. Même face à une provocation, vous pouvez choisir de ne pas répondre. Face à la colère par exemple, il y a toujours un choix à faire, une variété de comportements à adopter : agresser verbalement l’autre, vous faire du mal en vous dévalorisant par vos auto-critiques démesurées, casser une assiette pour faire sortir la colère… A vous de choisir.
Les questions à se poser pour prendre de la distance
Avant de vous sentir attaqué pour ce que vous êtes, il y a quelques questions à se poser.
Qui est arrivé le premier, l’œuf ou la poule ?
Il y a cette collègue, qui vous regarde de travers, peut-être même depuis votre arrivée dans l’entreprise. Elle ne vous dit même pas bonjour le matin… Mais vous, comment agissez-vous ? A force de guetter ses moindres gestes pour comprendre son attitude, elle peut se sentir épiée, ne pas comprendre votre attitude, et finalement avoir l’impression que vous ne l’aimez pas et que vous avez une dent contre elle. Alors finalement, qui a commencé ? Continuez-vous à lui dire chaleureusement bonjour le matin ou avez-vous arrêté parce qu’elle ne le fait plus non plus ? « Oui mais bon, c’est pas moi qui ait commencé… » En êtes-vous vraiment certain ?
Etes-vous la seule cible ?
Vous pouvez avoir l’impression d’être la seule personne qu’elle a pris en grippe, mais est-ce vraiment certain ? A force d’être concentré, voire obsédé par nos propres impressions et nos propres ressentis, il n’est pas rare de ne plus voir tout le reste. Essayez d’observer les choses de manière objective et vous vous rendrez peut-être compte qu’elle agit de la même façon avec d’autres.
Cette personne compte-t-elle tant que ça pour vous ?
Est-ce que vous l’aimez, vous l’admirez tellement que son opinion à votre sujet compte plus que toute autre ? Vouloir être aimé par tout le monde est une tendance naturelle. Mais avez-vous vraiment besoin d’être apprécié par quelqu’un qui ne vous fait pas vous sentir bien ? Qui vous donne l’impression de ne pas avoir de valeur ?
Réfléchissez objectivement si vous avez vraiment besoin et envie qu’une telle personne vous apprécie. Et si la réponse est non, ne la laissez pas vous atteindre et laissez ses opinions pour ce qu’elles sont, un simple point de vue qui n’a pas plus de valeur que la votre ou celle de tous ces autres qui vous apprécient.
Les remarques sont-elles adressées à ce que vous êtes ou à ce que vous faites ?
Quand on vous dit « votre chiffre d’affaire est le moins bon de votre équipe« , vous entendez « vous êtes nul, vous êtes un mauvais vendeur et vous ne méritez pas votre place ici« . Il n’y aurait pas une petite distorsion ici ? Ne confondez pas les faits objectifs et les jugements de valeur. Une telle réflexion est peut-être un simple constat, une tentative maladroite de vous motiver, une porte ouverte pour que vous demandiez une formation pour vous améliorer… Toujours est-il que la phrase prononcée n’a plus rien à voir dans son contenu avec votre ressenti. Si vous voulez pousser plus loin, demandez plus d’explications en tête à tête, mais ne laissez pas la machine à penser s’emballer à partir de quelques mots prononcés.
Et concrètement, on fait quoi ?
Vous n’êtes pas l’autre. Pour vous, c’est important de sourire, de mettre les formes quand vous faites une critique, de rendre service sans qu’on vous le demande ou de rester plus tard pour aider les collègues. Mais c’est votre façon de faire, votre personnalité, votre vision des choses. Celle de l’autre n’a peut-être rien à voir. Peut-être qu’elle ne sourit pas parce qu’il est important pour elle de séparer le pro et le perso et qu’elle ne souhaite pas créer des liens, qu’elle ne veut pas faire plus que sa part pour ne pas se sentir exploitée, qu’elle a une façon de parler très directe parce que selon ses valeurs, cela veut dire être franc et honnête.
Interrogez vos ressentis. Pourquoi cela vous touche autant ? Une même situation pourra glisser sur un autre sans qu’il n’en tienne aucun compte, quand vous le prendrez en plein cœur, comme si votre monde s’effondrait… Il serait peut-être temps de revoir votre façon de vous considérer, de vous accorder plus de qualités, de valeur et de confiance que vous ne le faites. Une personne très sûre d’elle ne s’effondrera jamais, qu’elle que soit la remarque qu’on lui fera parce qu’elle sait ce qu’elle vaut, objectivement.
Concentrez-vous sur vous. Faites-vous passer en priorité, avant tous les autres. Travaillez sur votre bien-être, accordez-vous des loisirs, faites des choses qui vous rendent heureux. Plus vous renforcerez votre bien-être et moins l’opinion des autres aura de l’importance pour vous.
Prenez du recul. A l’échelle de l’humanité ou juste de votre vie, quelle importance peut avoir cette remarque que votre boss vous a faite en pleine réunion ou cette critique que vous avez entendu à votre sujet par un « ami » qui a raccroché un peu trop tard avant de parler ? C’est un instant, une minute désagréable qui sera balayée en un rien de temps – sauf si vous décidez de lui accorder de la valeur et de vous torturer en ressassant. Laissez faire le cerveau, il est très efficace pour faire le tri et oublier ce qui ne vous aide pas à grandir et avancer.
Essayez d’être objectif. Refaites le match en changeant les intervenants, vous et l’autre. Imaginez la scène entre d’autres personnes. Les remarques sur la performance ratée lors d’une présentation avec des clients n’était-elle pas justifiée ? Le petit « tu devrais faire ça » est-il vraiment destiné à blesser et remettre en cause vos valeurs et votre façon de vivre, ou n’est-ce pas un simple conseil de la part d’une personne qui pense savoir mieux que vous ce que vous devez faire ? (Et il y en a beaucoup…)
Ne projetez pas vos croyances et vos doutes sur l’autre. Vous êtes sûr qu’il a une dent contre vous, parce qu’il vous regarde de travers. Mais qu’en savez vous en fait ? Qui vous dit qu’il n’est pas dans une période très compliquée de sa vie, dont il n’ose pas parler ? Ce regard méchant ne serait-il pas plutôt la crainte que quelqu’un découvre qu’il se sent nul, déprimé ou qu’il a simplement fait une bourde monumentale au travail qu’il essaierait désespérément de cacher ? Et non, ce n’est pas parce qu’une personne ne répond pas à vos messages qu’elle n’a aucun respect pour vous, qu’elle vous méprise et qu’elle pense que vous ne méritez même pas une réponse. Manque de temps, simple oubli, message sans question qui n’appelait pas vraiment de réponse en fait… Ne calquez pas sur l’autre la façon dont vous auriez réagi.
Arrêtez de ressasser. Quelle que soit la situation, plus vous y pensez, plus elle a de chance de devenir déformée, disproportionnée, totalement hors de contrôle. La simple remarque faite par une personne qui était mal lunée ce jour là devient un harcèlement insupportable pour vous. Attention aux souvenirs, plus vous revoyez la scène ou les relations passées, plus vous avez de chances de modifier les choses et de réécrire la situation pour confirmer votre sensation du moment.
Laissez passer le temps. Au lieu de réagir à chaud et de laisser les émotions prendre le dessus, laissez de côté ce qui s’est passé. Quelques heures ou quelques jours plus tard, prenez le temps d’y repenser à tête reposée. Vous aurez alors plus de chances d’aborder les choses de manière rationnelle, peut-être même de trouver une solution à mettre en œuvre si c’est vraiment important pour vous de rattraper le coup.
Utilisez la diversité des points de vue. On vous a attaqué, critiqué, fait une remarque acerbe qui vous a blessé. Prenez alors le temps de voir ce qu’en pensent les autres. Trouvent-ils cela justifié ou au contraire ont-ils trouvé aussi qu’il y a eu une attaque excessive et incompréhensible ? Si tous sont d’accord avec la remarque, essayez de trouver la personne la plus diplomate pour lui demander des explications plus approfondies et surtout plus apaisées. Peut-être y a-t-il effectivement quelque chose à travailler ou à changer dans votre comportement. Mais encore une fois, votre comportement n’est qu’une manière d’agir, ce n’est pas vous et ce que vous êtes profondément.
N’en dites pas plus que nécessaire. Ne confondez pas cet ami à qui vous pouvez tout dire sans que jamais il ne vous juge, avec vos collègues, vos amis avec qui vous êtes moins impliqués affectivement ou même votre famille. Plus on parle de soi, plus on donne d’informations personnelles sur sa vie, ses opinons ou ses ressentis, plus on donne de prise à l’autre, qui va se sentir autorisé à donner son opinion, un jugement ou même des conseils. Les meilleurs conseils sont ceux que l’on demande, mais certains ne peuvent s’empêcher de les distribuer à outrance, que vous soyez d’accord ou pas…
Ne pensez jamais que l’autre est plus réfléchi que vous. « s’il le dit, c’est qu’il le pense ». Non pas forcément. Il nous arrive à tous de nous laisser dépasser, d’aller trop loin dans ce que l’on dit par rapport à ce que l’on voulait dire. Pourquoi l’autre serait différent ? Pourquoi ses paroles seraient plus objectives, issues d’un raisonnement posé et réfléchi ? Comme l’a dit Maria Pacôme, « Même un homme intelligent, s’il est vexé dans son ego, peut sortir une ânerie ».