A force de trop vouloir plaire, de vouloir être apprécié ou même aimé, on finit parfois par se perdre de vue. Et si vous arrêtiez de faire semblant ?
Le regard des autres, cette contrée inconnue
Dès lors que l’on vit en société, confronté chaque jour au regard des autres, il est humain de se demander par moment ce qu’ils peuvent bien penser de nous. Mais pour certaines personnes, la peur du regard des autres prend parfois une telle importance, une telle emprise, qu’elle peut finir par envahir le quotidien. Avant la moindre petite action, on se demande ce qu’untel ou untel va en penser, comment il va nous juger, comment cela va affecter la relation… Si bien que parfois, on finit par ne rien faire. On ne donne pas son opinion dans la discussion de groupe, même si on est convaincu que ce que l’on a à dire est pertinent et a du sens; on laisse au magasin cette veste si belle que l’on adore, mais peut-être un peu trop voyante pour oser la porter…
La première chose, avant de vouloir se détacher du regard des autres sur vous, c’est de prendre conscience qu’en réalité, vous n’avez absolument aucune idée de ce qu’ils pensent vraiment de vous. Qu’il s’agisse d’un collègue qui vous regarde d’un air bizarre, d’un ami que vous trouvez différent avec vous depuis quelques temps sans trop savoir pourquoi ou encore d’un proche avec lequel vous n’arrivez plus à parler, tant que l’autre ne vous dit pas ce qu’il pense lui même, vos propres idées à ce sujet sont probablement fausses à 99 %.
Bien sûr, on peut avoir l’intuition que quelqu’un ne nous aime pas. Vous savez, comme ces fois où visiblement quelqu’un vous regarde de travers dès la première rencontre… Alors vous faites de votre mieux pour corriger le tir, pour essayer de gagner sa faveur, vous souriez, vous flattez, vous rendez des services, mais cela ne sert à rien. Cela vous affecte, vous le prenez personnellement. Vous vous dites que vous êtes peut-être trop ceci, ou pas assez cela… Mais vous lui rappelez peut-être simplement son ex qu’il ne supporte pas, ou sa tata Huguette qui le terrorisait durant son enfance, juste parce que vous avez le même parapluie…
Quelle que soit la chose que vous vous empêchez de faire, de peur d’être jugé, soyez sûr que la très grande majorité des gens n’y prêteront absolument aucune attention. Vous rêvez de chanter dans un karaoké, mais l’idée même du regard de tous ces gens posé sur vous vous terrorise ? Vous avez peur de ce qu’ils vont penser de vous, de la manière dont ils vont vous juger ? Vous pouvez être certain que la plupart d’entre eux ne lèveront même pas la tête de leur verre. Vraiment. Faites ce petit test : lorsque vous faites vos prochaines courses, chantez votre air préféré en poussant votre caddie. Simplement à voix haute, sans hurler bien sûr. Vous serez probablement très surpris de constater que personne ne vous regarde.
Dans une situation angoissante, on a tendance à projeter ses propres craintes sur les autres. C’est la raison pour laquelle on imagine qu’ils nous jugent négativement, qu’ils sont à l’affût de la moindre erreur. Mais en réalité toutes ces personnes autour de vous sont souvent bien plus bienveillantes que vous ne l’imaginez, ou au pire, indifférentes. Simplement parce qu’elles sont comme vous, elles aussi sont peut-être en cet instant même en train de se demander ce que vous pensez d’elles.
Vouloir plaire à tout le monde, le grand écart impossible
Chaque personne a son propre avis sur ce qui est bien ou pas, ce qui est plaisant ou non. Et il est absolument impossible de tout concilier. A écouter vos amis, vous devriez vous habiller de manière plus décontractée, mais aussi plus élégante, avec un style à la fois passe partout et sophistiqué, un style qui fait que l’on vous remarque, pas trop bien sûr, mais un peu quand même..
C’est facile à dire… Mais comment faire ?
A moins de vivre coupé du monde, on est confronté en permanence aux autres. Fuir n’est pas une solution à long terme, cela ne peut que générer de l’angoisse supplémentaire. Ce sont vos pensées qu’il faut remettre en place pour vous affranchir de cette pression inutile. Voici quelques actions concrètes à mettre en place :
– Si vous avez l’impression que votre comportement sonne faux dans une situation, c’est peut-être le cas. Faites une pause un instant et demandez-vous ce que vous feriez vraiment si les autres n’étaient pas là en cet instant – dans les limites de la décence quand-même, n’oubliez pas qu’ils sont là en réalité…
– Quand vous vous surprenez à vous inquiéter de ce que votre interlocuteur est en train de penser de vous, là, tout de suite; inversez la tendance. Dites-vous qu’au contraire, c’est lui qui est en train de s’inquiéter de ce que vous pensez de lui. C’est vous le juge, vous reprenez le pouvoir. Alors soyez clément !
– Arrêtez de vouloir être parfait. C’est en essayant de tout faire parfaitement, de tout contrôler, que l’on risque le plus de faire des erreurs. Faites ce que vous avez à faire et pas plus, mais surtout n’attendez jamais de récompense ou de compliment, parce ce que s’ils ne viennent pas, vous risquez de vous mettre à douter…
– N’en dites pas trop sur vous. Parfois, pour plaire, paraître sympathique ou attendrissant, on est tenté de parler de soi, d’anecdotes familiales ou rigolotes. Mais au final cela peut finir par se retourner contre vous. Plus vous en dites et plus le risque est que les gens tombent dans la familiarité et se sentent plus légitimes à vous juger. Ne leur donnez pas de prise sur vous.
– Si vous faites une erreur et que l’angoisse du jugement revient au galop, prenez une grande inspiration et rappelez-vous que tout le monde fait des erreurs. Si si, même ce collègue si parfait et si sûr de lui. Peut-être qu’il a juste de la chance que personne ne soit là quand il en fait, ou peut-être qu’il est passé maître dans l’art de les dissimuler ou de les attribuer à quelqu’un d’autre. Mais il en fait, soyez-en sûr.
– Faites une liste des choses que vous aimeriez faire, si vous n’aviez plus peur que l’on vous juge – je ne parle pas d’un point de vue pénal, cette liste là est plutôt à déconseiller 😉 Qu’il s’agisse d’un tatouage du dos complet représentant l’école de Poudlard au crépuscule, de créer un jardin paysager uniquement destiné à mettre en valeur cette collection de 53 nains de jardin qui dort bien cachée dans un carton ou encore de se lancer comme professionnel dans l’élevage de gerbilles, que feriez-vous si vous n’aviez plus à vous soucier du regard des autres ? Une fois la liste faite, classez les idées de la plus facile à mettre en œuvre à la plus folle. Voyez celles qui vous procurent le plus de joie, qui vous donnent l’impression d’être vraiment une part de vous. Il ne vous reste plus qu’à les réaliser, si vous en avez envie, en allant à votre rythme, quand vous vous sentirez prêt.